ABDOULAYE DAOUDA DIALLO, MINISTRE DES FINANCES ET DU BUDGET: «Le pays change à grande vitesse…»



 
 
 
 
L’Assemblée nationale a clôturé hier la session budgétaire. Une plénière de clôture à l’issue de laquelle le ministre des Finances est revenu sur beaucoup de sujets : l’importance du budget, les préoccupations des populations portées par les députés, le travail et l’attitude de certains dont il a déploré la «mauvaise foi», les ressources budgétaires, l’endettement….Bref, pour lui, à la lumière du budget qui a énormément gonflé en 6 ans, «le Sénégal sous Macky Sall a parcouru beaucoup de chemin».
 
 
Fin du marathon budgétaire. Et comme à l’ouverture, c’est le ministre des Finances qui était encore devant les députés, pour mettre la touche finale. Rappelant que le projet de loi de budget a été «déposé à la bonne date» (15 octobre 2019), sur la table du Bureau de l’Assemblée nationale, Abdoulaye Daouda Diallo, soutient avec force que le vote du budget ne doit être «considérée comme une routine». Parce que «ce serait oublier que le vote du budget de l’Etat par les représentants du peuple souverain constitue un moment crucial dans le fonctionnement d’une démocratie». 
 
 
«Derrière la froideur des chiffres, se dissimulent les clés de notre émergence économique, de notre bien-être social, de notre stabilité politique…»
 
 
Abdoulaye Daouda Diallo de souligner que «derrière la froideur des chiffres, se dissimulent les clés de notre émergence économique, de notre bien-être social, de notre stabilité politique, de l’avenir de notre jeunesse, de la protection de nos enfants, de notre sécurité dans un monde dangereux, et bien d’autres enjeux…». A en croire l’argentier de l’Etat, derrière les tableaux (du projet de budget) on peut deviner une vision, ressentir une ambition, évaluer une stratégie et, au final, faire des choix décisifs pour l’avenir de notre pays. Des «enjeux » qui, insiste-t-il, sont «parfaitement saisis» par les députés, qui l’ont démontré par «le feu roulant» de leurs questions, la densité de leurs contributions et, parfois, la justesse de leurs critiques.   
 
 
«Les préoccupations que vous avez portées, au nom de vos administrés et de vos terroirs, ont été bien enregistrées»
 
 
Des questions, contributions, critiques et doléances, que le ministre dit avoir bien intégrées et assimilées. «Sachez que les préoccupations que vous avez portées, au nom de vos administrés et de vos terroirs, ont été bien enregistrées», rassure-t-il. Et d’ajouter en guise d’exemples : «Je n’ai pas oublié la nécessité de renforcer les crédits du Cosec, ni l’urgence d’allouer 200 millions de F Cfa supplémentaires au Programme de chaînes de froid, ni le doublement des crédits prévus pour l’acquisition de mobiliers scolaires, ni votre souci de développer l’aquaculture, ni votre attachement à l’équité sociale et territoriale». Des préoccupations qui, à l’en croire, «sont aussi des priorités pour le gouvernement, qui leur consacrera plus d’efforts». Listant toujours les préoccupations qui lui sont soumises, il soutient avoir en tête la nécessité de construire l’Université du Sénégal Oriental et être sensible à la «complainte» des députés pour les habitants de quelques villages du département de Matam, privés du liquide précieux quasiment à longueur d’année. De même, il garde à l’esprit l’achèvement du désenclavement de l’Ile à Morphil, pour lequel ont plaidé les parlementaires. Réitérant qu’il n’a «rien perdu» des préoccupations et des plaidoyers des députés, le ministre des Finances affirme que déjà ses services travaillent «à élaborer des solutions aux problèmes soulevés, si elles n’existaient pas déjà».
 
 
«Nos concitoyens peuvent être rassurés. Leurs députés, majorité et opposition réunis, n’épargnent pas le gouvernement»
 
 
Relativement au déroulement du marathon budgétaire, Abdoulaye Daouda Diallo se dit satisfait des débats parfois houleux et chauds pour le gouvernement, mais réjouissants. C’est pourquoi il dit, «haut et fort»,  que «nos concitoyens peuvent être rassurés. Leurs députés, majorité et opposition réunis, n’épargnent pas le gouvernement». Mieux, il ajoute qu’il constate pour s’en réjouir, que «chaque année, le débat budgétaire se fait plus vif». Ainsi, fait-il remarquer, autant le gouvernement est «félicité quand il a bien travaillé, autant il est critiqué quand les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes». Tout comme il est conseillé par les députés qui «possèdent cette connaissance fine des réalités du terrain sans laquelle aucune politique publique n’a de chance de réussir».
 
 
 
«Parfois, c’est vrai, on peut ne pas apprécier certaines outrances. On peut regretter certaines déclarations de mauvaise foi»
 
 
 
Tout de même, Abdoulaye Daouda Diallo déplore certains comportements et discours durant le vote du budget. «Parfois aussi, c’est vrai, on peut ne pas apprécier certaines outrances», dit-il. Et d’expliciter : «on peut regretter certaines déclarations de mauvaise foi quand on avance que le budget du ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale fait 1000 milliards F Cfa et 25% du budget alors qu’en âme et conscience on sait que ce budget fait 101 milliards F Cfa,  se situe au 11ème budget et représente 3% du budget». Aussi, il «déplore une présentation erronée des faits et des chiffres». Tout en notant que ça a été le cas quand on a déclaré que les prêts contractés dans le cadre du Ter, des autoroutes à péage et de Aibd-Mbour-Thiès faisaient 2000 milliards et représentaient 25% de la dette du Sénégal, alors que les emprunts ayant financé ces trois (3) projets ont fait moins de 1000 milliards représentant 12% de l’encours de la dette. Tout comme il a regretté quelques excès de langage. 
 
 
«Un député peut accabler un ministre devant micros et caméras, pour un petit moment de gloire médiatique, avant de repartir tranquillement chez lui, sans craindre le risque d’être inquiété»
 
 
Même s’il déplore leur attitude et leur méthode consistant à toujours chercher des poux sur la tête du gouvernement et à le brocarder, le ministre des Finances et du Budget se soumet volontiers aux critiques et attaques des députés opposants, car précise-t-il, «c’est cela aussi la démocratie». Abdoulaye Daouda Diallo dit comprendre aussi tous ses détracteurs qui chercheraient plus à se mettre sous les projecteurs et à faire le buzz. «Un député peut accabler un ministre devant micros et caméras, pour un petit moment de gloire médiatique, avant de repartir tranquillement chez lui, sans craindre le risque d’être inquiété», raille-t-il à la limite. Avant de se résigner : «c’est la règle du jeu et je l’accepte, car je suis conscient de ma chance de vivre dans un pays de liberté».
 
 
«Le Sénégal sous Macky Sall a parcouru beaucoup de chemin : les chiffres et les faits parlent d’eux-mêmes»
 
 
Face aux députés, Abdoulaye Daouda Diallo a noté que la dernière fois qu’il a assisté à la clôture d’une session budgétaire, c’était en décembre 2012, le jour de l’adoption du projet de loi de finance pour l’année 2013. Et depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. «A l’époque, le Budget de l’Etat du Sénégal s’élevait à 2531,116 milliards de F Cfa. Cette année, c’est 4224,97 milliards F Cfa. 1693,85 milliards de plus, soit une hausse relative de 67%, en 6 années seulement…», se réjouit-il. En effet, pour l’argentier de l’Etat, «le Sénégal sous Macky Sall a parcouru beaucoup de chemin». Chiffres à l’appui, il affirme que sur la période 2009-2013, la croissance économique moyenne était de 3%. Et elle s’est établie à 6,6% sur la période 2014-2018. Le tout, dit-il, dans un contexte de maîtrise de l’inflation et de réduction constante du déficit budgétaire qui, de 6,7% en 2011, a été ramené à 4,2% en 2016 ; 3,7% en 2017 ; 3,5% en 2018 3% projeté en 2019. Suffisant pour qu’il déclare que «le pays change à grande vitesse et les secteurs prioritaires du Pse sont les porte-étendards de ce changement». 
 
 
 
 
«L’endettement n’est pas mauvais en soi, il peut même être une excellente chose pour qui sait s’en servir» 
 
 
 
Poursuivant, le ministre des Finances note que pour développer le pays, il faudra aussi compter sur les ressources extérieures, qu’il qualifie de «nappe souterraine dans laquelle nous puisons lorsque la pluie des recettes fiscales et douanières ne suffit pas» pour faire face aux urgences qui accablent les Sénégalais. En ce sens, il évoque «l’endettement, ce levier complémentaire de financement de nos politiques et projets». C’est pourquoi, il ose croire que le sujet de la dette publique est juste le fruit d’une noble inquiétude chez les députés qui relancent tout le temps ce débat, et non pas une manœuvre politicienne. Car dit-il, «l’endettement n’est pas mauvais en soi, il peut même être une excellente chose pour qui sait s’en servir». 
 
Mbaye THIANDOUM
 
 

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