ABDOU MBOW, PORTE PAROLE ADJOINT DE L’APR: l'amnistie pour Karim Wade n'est pas à l'ordre du jour



 
 
Abdou Mbow n’apprécie pas le glissement que les gens sont en train de faire, entre d’une part les retrouvailles de Wade et Macky et de l’autre, une possibilité de voir Karim Wade revenir comme si de rien n’était. Pour lui, les gens doivent s’en limiter à la déclaration finale qui a sanctionné la rencontre et savoir que le Président Macky Sall ne fera jamais de deal sur le dos du peuple sénégalais. 
 
 
 
 
Les Echos : Le président de la République a reçu Wade. Seulement c’est source de mille commentaires. A votre niveau, qu’est-ce que tout ça vous fait ?
 
Abdou Mbow : Ce que je voudrais dire, c’est d’abord que le président de la République Macky Sall, c’est un homme qui est logique dans sa démarche. Depuis qu’il a été élu à la tête de ce pays, en 2012, il ne cesse de travailler à ce que les filles et fils de ce pays soient unis. Et c’est dans ce sens qu’il a dernièrement rencontré l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade ; avec qui, quand même, il a eu à cheminer pendant pas mal de temps. Il a été son Premier ministre, ministre de l’Intérieur, président de l’Assemblée nationale, son numéro 2 au niveau du Parti démocratique sénégalais. En 2008, leurs chemins se sont séparés. C’est ainsi que ça se passe dans la vie, mais aujourd’hui, Me Wade, quoi que l’on puisse dire, représente beaucoup dans ce pays. Il a énormément fait à la tête de ce pays, même si nous ne sommes pas d’accord avec lui sur certaines questions, mais le plus important est que la paix est revenue. Et je pense que le Sénégal a besoin de ça. On sera bientôt un pays producteur de gaz, de pétrole, de fer…. Un pays qui a toutes ces ressources a besoin de travailler dans la paix sociale. C’est pourquoi il faut saluer ces retrouvailles, saluer aussi le dialogue national qui est en cours. Bien que le président de la République soit bien élu en 2019 avec près de 60% des voix des Sénégalais, il continue à travailler à unir les filles et fils de ce pays.
 
 
Il paraît qu’il y a d’autres sujets qui ont été abordés et qui n’ont pas été révélés aux Sénégalais…
 
Il faut vraiment s’en tenir à la déclaration finale qui a sanctionné cette rencontre. Ce qui est certain, c’est que le président de la République Macky Sall ne va jamais faire de deals sur le dos du peuple sénégalais. Tout ce qu’il fera ce sera pour le bénéfice du Sénégal et des Sénégalais.
 
 
 
Mais certains croient savoir tout ce qui est derrière cette affaire, c’est une amnistie de Karim Wade… 
 
Je pense que cela n’est pas à l’ordre du jour. Il faut que les gens, comme je l’ai dit plus haut, se tiennent à ce qui est ressorti du communiqué. Nous, au niveau de l’Assemblée nationale, cette question n’est pas agitée. Je suis membre du bureau de l’Assemblée nationale et je vous dis que ce débat n’est pas posé à l’Assemblée nationale. En conséquence, je ne peux donc m’attarder sur des spéculations. Tout ce qu’il faut retenir, c’est que les deux personnalités se sont retrouvées et je pense que ce sera pour le bien du pays.
 
 
Amnistie de Karim Wade et Khalifa Sall, voteriez-vous si l’Assemblée nationale est saisie de la question ?
 
Je suis un parlementaire, membre du bureau de l’Assemblée nationale. Pour ce qui est des débats de rue, je ne vais pas me prononcer. Le moment venu, on discutera de ça mais c’est une question qui n’est pas encore à l’ordre du jour. Pour une question qui n’est pas encore à l’ordre du jour, je ne vois pas pourquoi les gens veulent nous l’imposer. 
 
 
 
Indépendamment de l’amnistie qui est redoutée par plusieurs observateurs, avec ces retrouvailles, les plus téméraires y voient une mort programmée de la coalition Benno Bokk Yakaar. Diriez-vous le contraire ?
 
Des retrouvailles entre des personnes ne veulent pas dire qu’on va tous fusionner nos formations politiques vers une pensée unique. Ça je pense que…l’ère de la pensée unique est révolue au Sénégal. Il faudrait que les gens soient beaucoup plus justes. Le président de la République a dit, lors du séminaire sur la communication de Benno Bokk Yakaar qu’il ne faut pas que les gens voient l’intérêt menaçant des uns et des autres. Aujourd’hui, Benno Bokk Yakaar reste plus que jamais unie et le président de la République ne cesse de travailler à conforter cette majorité présidentielle. Donc, ce n’est pas encore une fois un deal qui se fait contre qui que ce soit. Il faut que les gens comprennent que ce qui va se faire, c’est pour le bénéfice du Sénégal et des Sénégalais et uniquement du Sénégal et des Sénégalais.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour parler de l’Assemblée, vos collègues de la commission parlementaire ont livré une partie de leur rapport concernant l’affaire des 94 milliards. Sauf que, beaucoup pensent que c’est juste pour noyer Sonko…
 
C’est notre collègue Sonko qui avait fait des accusations, en disant que Mamour Diallo avait détourné 94 milliards. Je rappelle qu’en faisant cette déclaration, Ousmane Sonko avait caché aux Sénégalais qu’il voulait avoir un contrat avec les héritiers qui devaient lui permettre de gagner 11 milliards dans cette affaire. En tant qu’accusateur, il n’a pas pu apporter les preuves de ses accusations et c’est d’ailleurs pourquoi il n’a pas voulu répondre à la commission d’enquête ; préférant pour l’occasion faire dans la victimisation. La commission a fait son travail. Elle a déposé son rapport et le rapport a montré qu’il n’y a pas eu de détournement de 94 milliards. Notre rôle s’arrête à recueillir des informations. L’affaire de la justice, c’est une autre affaire. Ce n’est pas une affaire de l’Assemblée nationale, ni de l’Etat du Sénégal. Sonko est en train de travailler à faire dans la victimisation, en voulant faire avaler aux Sénégalais que le régime est en train de comploter contre lui.
 
 
 
Mais Sonko s’est défendu depuis Ziguinchor…
 
(Il coupe). Vous me permettez de parler de son passage à Ziguinchor. Sonko est un manipulateur. Je voudrais aussi à ce stade de mon propos attirer l’attention de l’opinion nationale surtout nos parents de la Casamance. Tout le monde a vu qu’il a dit que Ziguinchor ne doit pas accepter cela. Il veut régionaliser le problème alors que le peuple casamançais est un peuple honnête. Un peuple entier du Sénégal. Le Sénégal est un et indivisible. Personne ne pourra diviser ce pays à force de manœuvres.
 
 
Les avocats de Mamour Diallo déposent la plainte contre Sonko. Avez-vous un commentaire à faire ?
 
C’est une affaire privée, je n’ai aucun commentaire à faire là-dessus. C’est une affaire privée ; je pense que la justice fera son travail. Sinon, nous n’avons aucun commentaire à faire.
 
 
 
L’actualité, c’est aussi cette affaire de 3e mandat du chef de l’Etat qui revient à chaque fois…
 
C’est un faux débat. C’est un débat malsain. Je ne parle même pas de ça. Le Président Macky Sall a d’autres priorités. Il s’occupe des problèmes des populations.
 
 
Finalement, c’est quand la date des prochaines élections locales ?
 
Les acteurs politiques et la société civile sont tous pour le report des élections. Et si ça sort de cette année 2019, on sera obligé de saisir l’Assemblée nationale. Et quand le moment viendra de reporter, le président de la République, comme le lui permet la constitution, va prendre une date pour que ces élections puissent se tenir.
 
 
 
Macky Sall est au pouvoir depuis 7 ans, mais il y a toujours des frustrés dans ses rangs. Vous pensez que vous allez un jour dépasser cette situation…
 
Des frustrés, il y en aura toujours. Mais le président de la République est un homme d’une grande dimension, d’une grande générosité. Je peux vous assurer que le Président Macky Sall a énormément de considérations par rapport à ses compagnons d’hier, comme ceux d’aujourd’hui. Je vous assure que, comme il l’a dit dans son livre, le Président Macky Sall a le Sénégal au cœur. Il porte le Sénégal dans son cœur et quand on porte le Sénégal dans son cœur et qu’on s’est battu avec des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, je pense qu’il ne peut y avoir d’oubli. Le Président Macky Sall est reconnaissant. C’est un homme d’une grande générosité, qui a un grand cœur. Et je lance un appel à ces personnes qui l’ont toujours accompagné de continuer à l’accompagner, parce que la fonction de président de la République est une fonction ingrate. La fonction de président de la République est une fonction difficile. Quand on est un chef de parti, on est un chef de parti, mais dès qu’on accède à la magistrature suprême, on devient Président de tous les Sénégalais. Voilà un peu la difficulté que le Président a aujourd’hui. Mais c’est nous, ses compagnons, amis, militants et sympathisants qui devons l’accompagner dans ce chantier. C’est nous qui devons travailler à unir nos forces. Nous nous devons également de continuer à être ses relais auprès des militants pour que cela soit compris de tous.
 
 
 
 
 
 
Propos recueillis par Madou MBODJ
 

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