Depuis plusieurs mois, l'ambiance est la même dans presque toutes les universités du Sénégal. Si ce n’est pas pour réclamer les bourses, les étudiants ruent dans les brancards pour exiger de meilleures conditions d’existence dans les campus. Néanmoins, ceux de Dakar se distinguent par des revendications des plus insolites et des émeutes assez violentes.
Telle une maladie contagieuse, des mouvements d’humeur des étudiants se sont déclarés sur la quasi-totalité des universités du Sénégal depuis presque le début de l’année 2021.
Ugb : bourses pour les Masters, insécurité dans le campus…
C’est l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis qui a ouvert le bal cette année. En effet, de février à juin, les Sanarois sont passés par toutes les formules pour manifester leur mécontentement face à la réforme des masters entreprise par le ministre de l’Enseignement supérieur. Des journées sans ticket, affrontements avec les forces de l’ordre et grève à n’en plus finir. Les étudiants de l’Université Gaston Berger exigent, entre autres, l’octroi de bourse à tout étudiant valablement sélectionné en master et remplissant les conditions d'attribution. Au mois de mars, 48 heures de grève non renouvelables avaient été décrétées par la même coordination des étudiants de l'Ugb pour dénoncer l’insécurité qui règne au sein de leur université.
Bambey : manque d’eau et d’électricité, effectifs pléthoriques dans les amphithéâtres…
L’Université Alioune Diop de Bambey a eu sa dose au mois d’avril. Comme motif, les étudiants ont brandi des réclamations pour de meilleures conditions d’études et d’existence dans leur campus social. Le manque d’eau, les coupures d’électricité et les effectifs pléthoriques dans les amphithéâtres ont été déplorés à maintes reprises par les étudiants, mais face à l’indifférence des autorités, les étudiants sont passés à la vitesse supérieure en décrétant une grève illimitée le 12 avril dernier. Avant cela, la coordination des étudiants de l'Uadb avait entrepris une marche de Bambey à Dakar pour présenter de vive voix leurs revendications au ministre de l’Enseignement supérieur, mais elle fut rappelée au niveau de Thiès par les autorités universitaires qui ont préconisé des concertations.
Thiès : blocage des bourses, non achèvement des chantiers et la menace d’expulsion des membres de l’amicale ...
Le blocage des bourses, la menace d’expulsion des membres de l’amicale et le retard des travaux des chantiers sont les principaux motifs de soulèvement des étudiants de l’Université Iba Der Thiam de Thiès. Ainsi, le 9 juin passé, les étudiants ont décrété un mot d’ordre de 24h renouvelables, avant d’improviser un sit-in devant leur rectorat. Ces derniers interpellent directement le président de la République pour que les nombreuses visites de chantiers des autorités en charge de l’enseignement supérieur servent enfin à quelque chose.
Ucad : saccage de restaurant, agression d’un professeur en plein cours
Même s’il rentre dans le cadre des violences notées dernièrement au sein des universités, le cas de l’Ucad est bien particulier. Pour contester les résultats de l’élection pour les amicales de la Faculté de droit, des membres de l’une des listes en compétition se sont attaqués au restaurant de l'Esp causant ainsi d’énormes dégâts matériels.
Et comme si cela ne suffisait pas, une autre vidéo circule mettant en scène un étudiant qui s’attaque à un professeur en plein cours, en lui arrachant le micro. Une image qui a créé l’émoi parce que reflétant la pire facette de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon l’auteur de la vidéo qui l’a postée sur Twitter, il s’agirait des mêmes membres de l’amicale déchue qui continuent de dicter leur loi en plein cours pour s’adresser à leurs camarades.
Fatick : attaque de la maison de Macky Sall
Comme à Dakar, les étudiants de de l’Université du Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niass (Ussein), ont préféré faire recours à des moyens extrêmes pour manifester leur ras-le-bol par rapport à leur conditions d’études. Le campus Fatick, après leur grève de 96 heures décrétée le 9 juin, avec la remise de leur mémorandum au gouverneur, a encore investi les rues ce 14 juin en s’attaquant à la maison du chef de l’Etat.
Ndèye Khady DIOUF