Le Conseil national du crédit présidé par le ministre des Finances et du Budget a été une occasion pour les acteurs d’identifier les goulots d’étranglement du financement de l’agriculture et d’y apporter des correctifs. Différentes mesures ont été prises à cet effet. Il s’agit, entre autres, de mitiger le risque de financement des banques ; désormais engagées à accorder des crédits relais jusqu’à concurrence de 100 milliards. De plus, les fonds de sécurisation du crédit rural seront réintégrés dans le budget de l’Etat.
Le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, a présidé hier la 39e réunion du Conseil national du crédit (Cnc) en présence du ministre de l’Agriculture et de l’Autosuffisance alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, du Directeur national de la Bceao, Ahmadou Al Aminou Lo et des autres membres du Cnc. Il s’agit de tous les acteurs impliqués dans le financement de l’agriculture, notamment la Banque centrale, les universitaires, l’administration, la recherche, les producteurs, l’expertise comptable, l’Association des professionnels de banques, des structures de microfinances, etc. « L’objet de cette session était de faire la situation de l’exécution des 19 mesures phares qui avaient été prises lors du conseil interministériel consacré à la préparation de la campagne agricole 2023-24 présidé par le Premier ministre le 12 avril dernier », indique d’emblée Mamadou Moustapha Ba, avant de rapporter le satisfecit du conseil qui, dit-il, s’est réjoui des efforts consentis par l’Etat du Sénégal pour accompagner les producteurs dans le financement de la campagne agricole. « Pour la première fois, un montant de 100 milliards a été alloué par le président de la République au secteur de l’agriculture au titre des subventions, des intrants et de l’équipement agricole pour en faciliter l’accès aux producteurs », rappelle le ministre des Finances et du Budget.
Des mesures prises pour mitiger le risque du financement de l’agriculture
Poursuivant, Mamadou Moustapha Ba est d’avis que le financement de l’agriculture par les banques est relativement faible, de l’ordre de 3,3%, comparé à la contribution du secteur à la richesse nationale qui, dit-il, est de l’ordre de 10%. Néanmoins, il admet que cette faiblesse est due notamment au risque de crédit du secteur de l’agriculture. Un bémol corrigé à travers, dit-il, des mesures appropriées pour mitiger ce risque. « Les banques se sont engagées du fait d’une subvention de 100 milliards disponible au titre du budget 2024, d’accorder des crédits relais jusqu’à concurrence de ce montant », fait remarquer le ministre des Finances et du Budget qui révèle dans la foulée que la Banque agricole a déjà décaissé 17,6 milliards pour le financement de la campagne agricole.
Les fonds de sécurisation du crédit rural réintégrés dans le budget de l’Etat
Mieux, Mamadou Moustapha Ba a fait état d’une mesure phare issue des conclusions du Conseil national du crédit. Sur instruction du président de la République, dit-il, les fonds de sécurisation du crédit rural seront réintégrés dans le budget de l’Etat. « Il s’agit du Fonds de garantie, du Fonds de bonification et du Fonds de calamités. Le Fonds de garantie permet de garantir jusqu’à hauteur de 75% des crédits accordés par le système bancaire ; tandis que le Fonds de bonification permet de bonifier le crédit pour que le taux de sortie soit accessible aux producteurs jusqu’à concurrence de quasiment 5,5% ; le Fonds de calamités prend en charge certaines calamités qui peuvent apparaitre à la suite de l’hivernage. En plus de ces différents fonds de sécurisation du crédit rural, les dotations budgétaires du Fonds de garantie des investissements prioritaires seront renforcées pour une meilleure implication du Fongip dans la garantie des financements accordés aux producteurs », explique le ministre des Finances. Autre mesure prise, il s’agit d’adapter le dispositif prudentiel de la Banque centrale au financement de l’agriculture. En effet, selon le ministre, le dispositif prudentiel classique appliqué par les banques ne permet pas d’assurer un financement adéquat du secteur de l’agriculture. Autant de mesures qui, à en croire le patron des finances, permettent de mitiger le risque de crédit et d’accroitre le financement bancaire en faveur du secteur de l’agriculture.
Recourir au crédit-bail pour l’acquisition du matériel agricole
Revenant sur le programme d’équipement agricole initié par l’Etat, Mamadou Moustapha Ba est d’avis que le gouvernement doit systématiser un crédit-bail agricole sur ce matériel acquis. Ce qui va faciliter, dit-il, l’acquisition du matériel agricole par les producteurs. Il sera donc privilégié le recours systématique au crédit-bail. Les aménagements hydroagricoles ont également été abordés lors de cette réunion du conseil. « Il y a beaucoup de projets d’aménagements hydroagricoles qui sont financés par les partenaires techniques et financiers et l’Etat du Sénégal, mais avec les mesures qui sont édictées en termes de structuration de financement et d’implication de certaines banques de développement telles que la Boad et autres, il sera renforcé le financement des investissements », ajoute le ministre qui reconnait que l’information sur les statistiques agricoles est une problématique au niveau des banques. A cet effet, il annonce des rencontres entre le ministère de l’Agriculture et le système bancaire pour une meilleure vulgarisation du programme souveraineté alimentaire, son chiffrage, les statistiques et les résultats des campagnes précédentes, pour une meilleure information des banques en ce qui concerne les statistiques agricoles. Ce qui lui fait dire que le financement de la campagne de production et de commercialisation agricole 2023-24 sera adéquat avec l’implication de tous les acteurs.
Moussa CISS