Avec un réseau d’assainissement décrié dans certains quartiers, inexistant dans d’autres, Touba n’a pas résisté aux 140 mm qui ont arrosé la cité religieuse pendant des heures. Outre les inondations, des maisons abandonnées et détruites, le bilan est aussi macabre avec deux pertes en vies humaines : un homme de 40 ans et une fillette de cinq ans.
Les pluies qui se sont abattues un peu partout sur le territoire national, dans la nuit du lundi au mardi, ont occasionné des inondations dans plusieurs localités du pays. C’est le cas à Touba où les fortes précipitations ont causé tristesse et désolation chez les habitants. En effet, deux personnes ont perdu la vie : un homme et une fillette. Il s’agit d’un commerçant, ressortissant guinéen, la quarantaine, qui a perdu la vie à Keur Niang à Jakay Moumeu. Il a été retrouvé coincé dans les décombres suite à l’effondrement de la maison où il habitait. Dans la même maison, un blessé a été enregistré et plusieurs enfants sauvés de justesse des eaux. L’autre victime est une fillette de 5 ans repêchée dans les eaux à Gouye Ziar près du centre commercial Cheikh Fall Nar du marché Okas. Elle est morte au cours de son évacuation au centre de santé de la localité. Selon les témoins, elle jouait dans une maison inondée et vidée de ses occupants avant d’être piégée par les eaux.
Des maisons effondrées des centaines d’autres abandonnées
Outre les pertes en vies humaines notées dans la ville sainte, les inondations ont occasionné l’effondrement de beaucoup de maisons, d’autres vidées de leurs occupants, le bétail décimé par endroits, la circulation paralysée, les activités au ralenti. Entre Gare Bou Mak et Keur Niang pas moins d’une trentaine de maisons sont devenues inhabitables, du fait des effondrements, leurs occupants contraints de quitter en catastrophe. Des centaines d’autres ont été abandonnées par les occupants à cause de l’impossible cohabitation avec les eaux. Ce désespoir des populations a été noté dans plusieurs quartiers de Touba ainsi qu’à Mbacké. C’est le cas à Nguiranène, Keur Niang, Guédé, Ndamatou, etc. « On ne peut dire avec exactitude le nombre de maisons détruites à Keur Niang durant ces fortes. Nous étions obligés d’installer les enfants et les vieilles personnes sur les terrasses. Beaucoup de moutons et de chèvres sont dans les eaux. Je lance à l’Etat un appel à déployer de gros moyens pour venir en aide à cette population pour la plupart désœuvrée », indique le célèbre tik-tokeur Djily dans les eaux au chevet des sinistrés.
Les alentours de la Grande mosquée aussi inondés
Même les alentours de la Grande mosquée de Touba qui disposent d’un réseau d’assainissement ont été envahis par les eaux. En effet, les tuyaux de canalisation n'ont pu résister aux 140 mm de pluie tombés dans la capitale du Mouridisme. Toutes les grandes artères de Touba ont été envahies par les eaux. Aux alentours de la Grande mosquée, pas d’activités, aucune activité humaine : le commerce fermé, la circulation paralysée, seule une étendue d’eau boueuse occupe l’espace. Et les habitants désarmés n’ont que les yeux pour constater le sinistre. Même la maison de Serigne Saliou, non loin du lieu de culte, n’a pas été épargnée par les eaux. A Darou Marnane également, la famille de Serigne Mourtada est dans les eaux. Même constat à l’hôtel de ville de Touba où les eaux ont fini de chasser toute présence humaine.
Nguiranène sous les eaux malgré son réseau d’assainissement
Sur la principale artère qui mène à Nguiranène, c’est une vaste étendue d’eau qui capte l’attention. Impossible d’apercevoir la route. Seule la procession de véhicules à l’arrêt et les lampadaires le long de ce tracé informent de la présence de cette artère principale. Devant les véhicules, un troupeau de bœufs pris au piège des eaux reste immobile. Derrière, la file de véhicules avec des passagers à bord ne peut avancer. Face à cette situation, le responsable politique Bassirou Gaye de Nguiranène constate, amer, cette situation déplorable dans toutes les artères de cette localité. Les habitants ne peuvent vaquer à leurs occupations. Cependant, des jeunes volontaires, dit-il, se sont mobilisés pour assister les populations sinistrées. A l’en croire, cette situation ne devrait pas se poser étant donné que Nguiranène bénéficie d’un réseau d’assainissement. C’est la première fois depuis trois ans, ajoute-t-il, que ce phénomène n’existe pas dans cette localité. Ce qui lui fait dire que le nouveau régime doit auditer les travaux du réseau d’assainissement, ainsi que tout l’argent injecté dans la lutte contre les inondations à Touba. Il appelle aussi les agents de Senelec à être réactifs à l’appel des populations. L’eau et l’électricité, dit-il, ne font pas bon ménage.
Les sapeurs-pompiers de Thiès et Diourbel déployés
Cependant, aux dernières nouvelles, les autorités ont pris des mesures urgentes pour soulager les populations à travers le déploiement des sapeurs-pompiers de Diourbel et de Thiès.
M. CISS